samedi 18 avril 2015

La nuit

À la mi-nuit au coin de Masson et de Molson, les échos du vide se décuplent sur les réverbérations sourdes de If I had a heart de Fever Ray. Les trémolos électriques caressent ondoyants et lourds mes oreilles. Cette musique est à la fois chaude et froide. Dans quelques minutes l'autobus va me prendre et m'emporter m'engouffrer dans les rues imprévues de cette nuit calme et fraîche. Dans ma bouche, les relents du Isle of Jura Superstition. Goutter la tourbe. Sur l'île de Jura en Écosse, il n'y a qu'une route, un pub et une distillerie. 188 habitants sur un peu plus de 350 kilomètres carrés. Me semble que j'irais là demain matin. Pour voir et sentir la tranquillité qui a nourri Orwell qui s'y installa pour écrire 1984. Pour bosser dans la distillerie juste un été, pour goutter le vent et la mer, pour étancher cette soif de solitude, tantôt désirée tantôt crainte, qui me torture, me triture et me déchire en mille. Mais le bus arrive et m'emporte là où je dois aller, là où l'inattendu comatose. Les lumières grésillent et teintent l'atmosphère. Presque personne. Presque l'impression que la ville dort un peu. Ou qu'elle attend mon sommeil pour s'assoupir enfin.

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