vendredi 31 mai 2013

Bruissements

La chaleur des feux absents soulève les premiers soupires d'une force à venir. Il souffle un vent de muse narcoleptique. Des parfums fugitifs flottent en débris, douleurs odorantes, le sien épuisé dans le dédale aérien des souvenirs, ébauches et assises du rêve qui se fait attendre. Chaleur fauve du crépuscule naissant. Les coeurs tièdes assourdis des distances, et s'étale la démarche d'une tempête dans les insupportables soubresauts du vent. La feuille brille le vert meurt. Et le réel étrille un espoir latent.

dimanche 26 mai 2013

quatrain

et le poids du temps étouffe les dieux qui chantent
en toi et qui tentent de soulever les voix
les yeux baissés le cou penché les mains qui tremblent
dans une longue attente et dans un calme effroi

jeudi 9 mai 2013

temps des jours

Le printemps s'engouffre dans l'évent des rues. De pente en pente, je vois l'horizon se briser dans les gratte-ciels et poindre entre eux de lumineuses verticales qui, en traversant la ville, s'éteignent dans le vertige de l'essoufflement. En mal d'espace les sens s'automatisent dans la mécanique grise de l'urbanité, le coeur bat vite machinal alors que s'ouvrent les ventricules de béton qui drainent le sang rouillé des voitures. La vie maintenue en ville artificiellement. Je file à toute allure, monte et descend dans les raclures, je suis la pulsation des mesures.

lundi 6 mai 2013

A day of dappled seaborne clouds

"The phrase and the day and the scene harmonized in a chord. Words. Was it their colours? He allowed them to glow and fade, hue after hue: sunrise gold, the russet and green of apple orchards, azure of waves, the greyfringed fleece of clouds. No, it was not theirs colours: it was the poise and balance of the period itself. Did he then love the rhythmic rise and fall of words better than their associations of legend and colour? Or was it that, being as weak os sight as he was shy of mind, he drew less pleasure from the reflection of the glowing sensible world through the prism of a language manycoloured and richly storied the from the contemplation of an inner world of individual emotions mirrored perfectly in a supple periodic prose?

[...]

We are right, he said, and the others are wrong. To speak of these things and to try to understand their nature and, having understood it, to try slowly and humbly and constantly to express, to press out again, from the gross earth or what it brings forth, from sound and shape and colour which are the prison gates of our soul, an image of the beauty we have come to understand - that is art."
James Joyce