mardi 30 octobre 2018

hasards objectifs - édition session automne 2018


Petit atelier de création surréaliste fait en classe. Le principe est simple: la moitié des étudiants trouve une question, l'autre moitié trouve une réponse ; on mélange le tout puis on pige. Cette session, j'en n'ai bisbaillé aucune! Voici les perles que ça peut donner. Je ne change absolument rien (d'où les erreurs d'accord en début de phrase parfois) ni pronoms ni déterminants, je n'invente absolument rien non plus (d'où certaines répétitions) et je les transcris dans l'ordre où je les ai pigés.

C'est quoi l'amour? 
          C'est les défauts qui nous rendent tous uniques.
C'est quoi la musique? 
          C'est l'essence d'une vérité posée par la subversion des proportions formelles.
C'est quoi l'amour? 
          C'est un cycle qui ne se termine jamais.
C'est quoi la liberté?   
          C'est la rencontre entre la terre et la mer 
C'est quoi la vie?
          C'est la tête qui me tourne en la voyant.
C'est quoi la lumière du jour?
          C'est vivre une deuxième fois.
C'est quoi la raison de vivre?
          C'est le bonheur de pouvoir réfléchir.
C'est quoi une belle écriture?
          C'est l'odeur des fleurs parmi les odeurs qui m'enflamment.
C'est quoi la réponse à la vie, à la mort et tout le reste?
          C'est l'effet de la vie sur moi.
C'est quoi la créativité?
          C'est la simplicité.
C'est quoi tes lèvres dans mon cou?
          C'est un mélange onctueux d'amour et de haine.
C'est quoi l'homosexualité?
          C'est la façon dont nous réfléchissons.
C'est quoi la vie?
          C'est le son du cadran quand je me réveille dans ses bras.
C'est quoi l'âme soeur?
          C'est la passion.
C'est quoi le passé?
          C'est une projection de notre cerveau.
C'est quoi le coeur de l'automne?
          C'est toi mon coeur.
C'est quoi l'amour?
          C'est le parapluie de mes larmes.
C'est quoi le bonheur?
          C'est la noirceur et la lumière et le blanc, et le tout et le rien.
C'est quoi la mélancolie?
          C'est une idée qui peut changer le monde.
C'est quoi le bonheur chez l'enfant?
          C'est la douleur. (ayoye!!!)
C'est quoi une préoccupation pour les êtres vivants?
          C'est passer du temps avec sa famille. (reayoye!!!)
C'est quoi l'intelligence?
          C'est un moment d'extase.
C'est quoi la couleur?
          C'est ce que je veux.
C'est quoi la vie après la mort?
          C'est la buée qui brouille le cadre sans limite des idées de mon être. (bang!)
C'est quoi l'innocence?
          C'est de ne pas pouvoir expliquer pourquoi.










la poésie est là on la crée
























haïkus de course




Joyce a entendu
dans les vagues tous les bruits
de l'humanité



pour les faire taire
Kerouac les a écoutées
à en devenir fou
































































jeudi 18 octobre 2018

impression spontanée





L'inspiration est un mystère, une bête sauvage m'a dit une ancienne étudiante, c'est une inéquation entre soi et le monde. L'inspiration est métaphysique comme les Muses sont mythologiques, celles-ci sont filles d'un Dieu et filles de la mémoire. Les Muses sont les Filles de la Mémoire. Rien de moins... Dans l'aube bouffie, je suis encore tout plein d'une nuit inutile. À supposer que les Muses viennent la nuit, elles me font fausse route depuis quelques temps déjà. Je dois chercher les mythes ailleurs. Je me réveille et me désaveugle. Jour de grand froid, soleil enchevêtré dans les feuilles rouillées des arbres, les branches dansent décharnées. J'ai la poitrine crispée, les mains moites et les jambes boitent, et la peau du visage en lambeaux. Hypnose du fumet du café, je m'installe dans mon espace, dans mon nouveau lieu. J'y avance comme dans un labyrinthe, le même à chaque fois. Les premiers pas sont simples, comme rarement auparavant, j'en connais les premiers détours, j'ai plus de repères que je n'en ai jamais eus. Certes, l'inconnu est toujours là, mais il murmure et s'essouffle, et l'écho de mes appels s'étiole en silence. J'habite un nouveau lieu, un nouvel espace. J'ai quitté ma boîte à chaussures. Là-bas, pendant un an sur deux, j'en aurai braillé de la poésie tuseul devant des murs vierges mais maculés d'indifférence. Des poèmes écrits à l'encre d'alcools lointains, à s'écharder genoux et poings dans le fond du baril gratté, à quatre pattes dans les eaux froides de sentiments pas toujours beaux à regarder, à tailler vainement des vers à même l'opacité des brumes troubles. Je me retourne et relis et tente de relier le tout, pattes de mouches de l'écriture pognées dans la toile du texte, élongation des cursives et cheminement du phrasé, errances occasionnelles dans les ivresses décompensées, circonvolutions courbes et crochets des lettres typographiées ; je m'y prends mal, je recule dans mes souvenirs pour essayer d'avancer, et pourtant, ceux-ci ont revêtu de nouveaux visages que je ne reconnais plus. Tant de face à face avortés. Juste des quintessence de poussières... Le deuil des peaux mortes est fini même s'il continue de s'écrire dans ma face, et je pense que tout est plus clair, si bien que les reliefs, les contours et les détails se font discrets, plus imperceptibles, me laissant devant de nouveaux murs blancs plus dénués qu'avant. J'habite un nouveau lieu, un nouvel espace - vieil appartement à l'âme latente, les essentiels désordres somnolent et j'entends le chaos ronfler, les premiers repères sont les mêmes mais le centre du labyrinthe s'est désaxé - où une nouvelle poésie est à naître, que j'espère plus belle, plus précise, où un nouveau nous est en train de se former.