mardi 31 mars 2015

L'histoire de l'humanité commence

Be not afeard. The isle is full of noises,
Sounds and sweet airs that give delight and hurt not.
Sometimes a thousand twangling instruments
Will hum about mine years ; and sometimes voices
That, if I then had wak'd after a long sleep,
Will make me sleep again ; and then, in dreaming,
The clouds methought would open and show riches
Ready to drop upon me, that, when I wak'd,
I cried to dream again.
- Caliban dans The Tempest

lundi 30 mars 2015

courant de conscience

Et si Dieu était androgyne? L'être humain a été créé à son image homme et femme issus de la même chair il devrait donc avoir deux sexes et être androgyne comme ces portraits de de Vinci où sont immortalisés ces anges asexués ces parfaites ambiguïtés l'essai de Kott est brutal dans ce lundi matin enneigé d'hiver tenace n'ayant pas dit son dernier mot une sensation de fatigue et peut-être même d'épuisement me travaille depuis quelques jours et j'ai l'impression de revivre ce que j'ai vécu l'automne dernier à savoir cet espèce de troplein la limite ce sentiment d'alerte ce qui-vive aux abords de la goutte et du vase ou de la lave et du volcan quand celle de trop arrivera que se passera-t-il peut-être est-ce la fonte de l'hiver en moi qui amènera ce débordement cette noyade à prévoir je devrais ponctuer (punk tuer?) mon texte mettre des virgules pour réfréner un temps soit peu ici une virgule changerait tout le sens ce fond de flocots ce flot de flocons qui montent les virgules sont à la fois les mouches du texte et ses spasmes Dostoïevski et ses épileptiques virgules ses hésitations ses (m)oralités il en mettait pour rappeler aux lecteurs que ses personnages plus vivants que bien des humains respirent peut-être ne respire-je prononciation impossible pas ce matin noyé dans ma tempête de démences grotesques dans ma myriade de cristaux kaléidoscopiques aux rebords du vase de mon être de mon printemps tissu de jour drapé de flancs de montagnes descendus jusque dans nos rues m'avaler lave de neige lourde en ; silence et bourdonnements dans l'ambiance alourdie les bruits ne sont que manipulations actions et manifestations qui se perdent rapidement une fois l'instantanéité éteinte je jalouse ces trente-cinq cerveaux devant moi qui ne pourraient même pas contenir ce qui menace d'imploser dans le mien je jalouse leur insouciance j'échangerais volontiers ma place avec l'un d'eux le temps d'une baise adolescente un distillat fulgurant déferlement de souvenirs montage à la milliseconde mémoire stroboscopée tout n'existe plus souvenirs fossilisés dans les lits de rivières en sueurs je sais que je peux détruire ce qui nuit et jour à la création pour qu'apparaissent avant le retour du sacré phallocrate effrayant et tyrannique des beautés baroques de nouveaux bestiaires d'animalités hybrides et de nouveaux dieux de mythes et légendes où les êtres vivent et meurent en paix.

dimanche 29 mars 2015


Ce confort du sommeil à venir suite à cette bonne fatigue accumulée sur les pentes, sous le soleil et dans les ivresses fraternelles.

Même rêves ou cauchemars dormiront profondément cette nuit.

samedi 28 mars 2015

les profils tremblent
sur l'onde d'eaux tristes
où s'enlacent encore
profondeurs ardentes
dans le frisson de l'étreinte
les amants immergés
se noient dans l'espoir
des amours latentes

satyres et nymphes
de pastorales lointaines
à l'abri des rameaux
tressent de futiles destins
leur union est le faune
dans la finesse de l'aube
leur rupture le fauve
la solitude et la fin

la source se tarie
les symboles s'amenuisent
et les légendes suffoquent
sous les dieux endormis
et les danses macabres
deviennent mascarades
pendant que les hommes meurent
dans la fureur et le bruit

vendredi 27 mars 2015

une obsession


"Le temps est le premier acteur de toute tragédie."
                                                                                           - Jan Kott 

jeudi 26 mars 2015

préjugé au coin d'une table

- Well I've heard some things about you. They were saying you're a failure.
- And you believed 'em?
- Ah... don't know, maybe. If it wasn't true, why would they say that?
- Just some prejudice, once again... (pause) Well, you don't know anything. Anything at all. It's making me upset that you ask me that. How can you? Why would they judge me? (plus longue pause) Well, fuck off... (très longue pause) You're all don't know what the fuck I've been through!!!

Il a raison. We don't know.

mercredi 25 mars 2015

mouvements

Dans le métro, Mladic tonne et tonitrue par-dessus un monologue de Richard III. Écouter du Godspeed en lisant du Shakespeare est tout simplement épique, d'une extraordinaire intensité. Les drones oscillent et s'entremêlent à même les émotions de Richard, sa fureur et sa désertique solitude sur le champ de bataille ensanglanté, et les cordes de la musique le lacèrent comme des épées électriques. Ensuite, c'est l'essai de Kott qui me submerge. Depuis quatre jours, il n'y a que ma tête qui dépasse, la bouche peine à se maintenir hors du flot des mots des mots des mots, juste assez pour les murmurer ; mes yeux lisent, mes oreilles écoutent l'encre et le vent tourne les pages, des centaines de pages. Je saute d'une à l'autre les marches du Grand Escalier, cherchant à m'extirper du Grand Mécanisme. Chaque page tournée est une pelure d'oignon qui tombe aux pieds des larmes, qui lentement dénude l'homme jusqu'à son coeur, jusqu'à son humanité, et c'est la solitude, notre inhérente solitude, qui se révèle à l'ombre des mots. C'est une sensation d'assèchement que rien n'étanche, mais c'est dans cet état de vulnérabilité qu'on remarque plus facilement les détails stellaires de beautés insoupçonnées. Et leur fragilité, leur espérance de vie. La beauté a une espérance de vie et il n'en tient qu'à nous de la prolonger.

mardi 24 mars 2015

suite

En raison de contraintes de temps, je ne peux m'empêcher de constater que j'ai fait les coins outrageusement ronds hier avec mon billet sur Richard III. Je ne cherche pas à réajuster le tir, mais bien à détailler davantage sa courbe. 

L'écho dont je parle ne s'applique pas seulement à notre époque, mais bien à toutes les époques. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'oeuvre de Shakespeare reste, à chaque fois, terriblement actuelle. Parce qu'elle expose les rouages du Grand Mécanisme qui met en marche le rouleau compresseur de l'Histoire, comme le dit Jan Kott. Le Grand Mécanisme. Ce qui régit le fonctionnement de l'horloge du temps, les suites cycliques d'événements qui se répètent sur la scène sanglante des grands augures, devant notre hébétude éternelle. 

Je pourrais citer cent répliques qui montrent la clairvoyance psychologique et l'audace puissante de Shakespeare, mais je m'attarderai à une seule qui est archiconnue, mais pour les mauvaises raisons, ce qui dénature l'assertion en soi. Alors que Richard est sur le champ de bataille de Bosworth, qu'il est désarçonné et surpassé en nombre, il crie deux fois plutôt qu'une : A horse! A Horse! My kingdom for a horse! (V, iv). 

La citation a désormais un usage courant et elle est répétée de façon ironique lorsque quelqu'un a besoin d'une chose inutile, triviale et sans importance. Et je crois que c'est tout faux, ce n'est pas le cheval qui est futile, mais bien le royaume. Il ne vaut même pas un cheval! Voilà le véritable prix du pouvoir, le prix de l'histoire, de la couronne et de la gloire ; le prix de ces complots et de ces meurtres. Un bon cheval vaut plus que ces morts, plus que tout un royaume pour un Richard poussé dans ses derniers retranchements, après l'horrible cauchemar qu'il vient d'avoir, où tous les fantômes de ses victimes sont venus, dans son sommeil, lui lancer d'inexorables : despair and die! Un cheval pour un royaume? Le prix est juste. Richard voit dans un cheval la seule façon d'échapper à la mort.

Évidemment, personne ne connaît les derniers mots du vrai Richard III, et l'Histoire n'est que le matériel avec lequel Shakespeare sculpte sa vision du monde, sa vision d'homme de la Renaissance qui voit se construire un monde dépouillé d'idéologie où rien ne compte sinon les diverses formes du pouvoir qui se déploient dans un mécanisme barbare - quelle façon spectaculaire de terminer sa première tétralogie - et ce n'est pas Richard III qui parle, c'est l'homme qui constate la futilité du pouvoir que l'homme croit s'octroyer. Et ces hommes sont, autant l'un que l'autre, intemporels donc actuels.

lundi 23 mars 2015

Richard III

C'est l'histoire d'un homme qui va tout faire pour prendre le pouvoir d'un pays, rien d'autre ne le motive que le pouvoir. Jamais il ne mentionne qu'est-ce qu'il entend faire de ce pouvoir et pourquoi il le désire tant, mais rien ne peut l'arrêter. Et pour obtenir ledit pouvoir - la couronne d'Angleterre -, il va tuer tous ceux qui pourraient lui barrer la route. Tout au long de sa quête, ses proches - amis ou ennemis - vont l'aider, tantôt consciemment, tantôt malgré eux, et personne ne va s'opposer concrètement un tant soit peu pour l'empêcher d'arriver à ses fins. Ses plus farouches opposants vont attendre qu'il usurpe le trône avant d'agir, laissant les morts s'amonceler dans leur inaction, comme s'ils voulaient s'assurer qu'un crime contre la patrie soit commis avant qu'il ne soit puni. C'est dans une hécatombe qui rivalise avec Hamlet que se termine Richard III, que je viens de terminer à l'instant, ayant joué le jeu en lisant à voix haute et forte les actes IV et V au complet, véritables moments d'anthologie. C'est l'une des pièces les plus fascinantes de Shakespeare que j'ai pu lire. La passivité des personnages qui entourent Richard est troublante. Ils savent tous que c'est un tyran sanguinaire et personne ne s'oppose directement à lui. Il m'est difficile de ne pas entendre l'écho troublant de cette pièce dans notre époque où les tyrans - s'ils n'ont pas soif de sang, ils ont soif de pouvoir - pavent eux-mêmes la route de leur procession vers de nouveaux trônes en déposant leurs briques sur des corps sociaux étouffés. La voix de ceux qui protestent est enterrée par l'indifférence, le cynisme et le mutisme assourdissant des autres, qui reconnaissent l'opportunisme malsain et écrasant des gouvernements, mais qui ne font rien, absolument rien, ABSOLUMENT RIEN, pour les en empêcher. Nous avons les dirigeants que nous méritons parce que nous ne retenons rien de l'histoire, ou de la fiction.

dimanche 22 mars 2015


une nuit rouillée de neige
crépuscule sépia
où dorment les fauves
dans le calme froid
les rues dénuées de fantômes
soufflent sur les braises de l'hiver 
les chants d'étranges hypnoses

samedi 21 mars 2015


J'ai scruté dans tes cendres les augures de nos alchimies.

vendredi 20 mars 2015

- Des fois, j'ai vraiment des hauts et des bas, je me sens super bien et le lendemain ou parfois la journée même, je pogne un esti de gros down, dit-il en faisant comme des montagnes russes avec sa main. Je passe des cimes aux bas-fonds, je ferais tout sauter tellement j'suis en maudit! Est-ce que ça t'arrive des fois?
- En fait, c'est drôle que tu me parles de ça parce que j'avais la même discussion avec ma blonde cette semaine. Je me considère étonnamment comme quelqu'un d'optimisme. Je veux dire, il n'y a aucune raison de se réjouir quand on regarde ce qui nous entoure, ce qui se passe, le monde c'est un peu de la marde. Toute me fait chier, mais je m'efforce de trouver du positif à travers, entre autres, ma blonde et ma job que j'adore, la musique, la littérature, la poésie, le cinéma, les amis, etc. Parce que sinon, je pourrais facilement être down à propos de tout. Mais reste que je m'emporte moins qu'avant, je me contrôle beaucoup plus. En fait, je suis systématiquement en colère, mais c'est une colère calme, dis-je, sur un ton justement ridiculement calme.
Et lui de littéralement éclater de rire.

jeudi 19 mars 2015

Une aiguille gratte le bras d'un paumé. Le coude coagulé il tend au bout de son manque de vaine une main itinérante. Lamentation tremblante, espoir vitreux et bouche béante. Il est là, personne n'entend sa complainte, son attente. L'homme de Vitruve disloqué, l'âme vitreuse. N'a pas la foi heureuse, ni aucun dieu ni mante religieuse. Pas de foi où se tourner aux coins des rues bondées de passants aux yeux bandés sur l'argent. Se masturbent l'ego sur le saint signe ces fantassins du fric. Tous ces bons petits soldats du Marché, ces bons petits pervers. Amibes et abîmes et hontes des révoltés. Pour se sentir coupable, pas besoin de péchés. Les corps stériles cherchent les drogues qui rendent les vies utiles. En haut des clochers, des anges impassibles. Regardent les hommes impossibles fiers sans raison, ergotant sans passion. Conversation interceptée et violences assassinées. Reste là transi sans transe, désert intersection des itinérances. Distrait des airs sans paroles, sans formes et sans sens, ne vois rien. Sans harmonie, sans histoire et sans héroïne à prendre. Que des poussières dorées sur l'horizons des ombres grises. Pendant que les heures agonisent, les oeuvres se détruisent. N'a pas pris les mêmes armes. N'a pas abattu les mêmes arbres. Les hypnoses de l'encre des lettres dans l'âme dansent les ancres. Le prologue est mort, le passé désaccord et le temps retors s'échappe dans l'inlassable nuit. Encore.

mercredi 18 mars 2015


La poésie est une magie brutale qui caresse les étoiles.

mardi 17 mars 2015

Je me souviens

Il y a de cela soixante ans aujourd'hui, Maurice Richard était suspendu pour le reste de la saison régulière et les séries éliminatoires parce qu'il avait frappé, dans le match précédent, un juge de ligne qui le retenait alors qu'un joueur des Bruins s'en donnait à coeur joie sur sa face de canadien-français, car ça allait de soi : un francophone ne pouvait pas être dominant dans un monde anglophone. Le président de la ligue nationale de hockey Clarence Campbell se présenta au match le soir du 17 mars 1955 ajoutant ainsi l'insulte à l'injure et alors qu'il était copieusement hué par tous les partisans du Canadiens, une émeute faisait rage à l'extérieur du Forum. Beaucoup d'historiens ont vu dans cette révolte une revendication identitaire contre l'injustice dont souffrait la plupart des canadiens-français, et plusieurs considèrent cet événement comme n'étant rien de moins que la bougie d'allumage de la Révolution tranquille. Toutes proportions gardées, peut-on conclure que cette émeute fût réellement l'instigatrice d'un renouveau politique et d'une affirmation identitaire dont les précédents remontaient à plus d'un siècle? Je laisse la réponse aux historiens et à ceux qui y étaient. Ce qui m'intéresse, c'est Maurice Richard. Cet espèce de parangon de droiture et de fierté qui, après en avoir trop encaissé, se dressa la colonne et se tint debout. L'homme qui ne commençât aucune bagarre mais qui les finît toutes, celui aux yeux impossibles que le grand William Faulkner, qui l'avait vu jouer au Madison Square Garden, décrivît comme ayant "something of the passionnate glittering fatal alien quality of snakes" (quelle métaphore!), et qui inspirât ce tout petit poème au non moins grand Félix Leclerc :

Quand il lance, l'Amérique hurle.
Quand il compte, les sourds entendent.
Quand il est puni, les lignes téléphoniques sautent.
Quand il passe, les recrues rêves.
C'est le vent qui patine.
C'est tout le Québec debout
Qui fait peur et qui vit.

Cela m'attriste de penser que ce genre de symbole n'appartient désormais qu'au passé et que personne n'honorera plus l'épitaphe sur sa tombe, trois mots qui m'évoquent le héros camusien, cet homme révolté surpassant l'absurde : "Ne jamais abandonner".

lundi 16 mars 2015

"Les textes de Shakespeare ont pour la plupart les caractéristiques de ces miracles. Ils donnent aux écrivains qui les traduisent un avant-goût ou une réminiscence du bonheur vertigineux de la création. Quand ce bonheur advient, il fait disparaître toute la souffrance, réelle ou imaginaire, qui se greffe au mythe du créateur. En fait elle est réelle, cette souffrance du génie créateur, mais elle a été choisie en quelque sorte, contrairement à celles qui tombent comme des fléaux sur l'humanité. La toute première phrase entendue à mon premier cours de travaux pratiques à l'université: "Vous avez choisi la littérature parce qu'il y a un déchirement en vous." Cela dit quelque chose sur le "peu" ou le "trop" de déchirement de ceux qui ne la choisissent pas."
- Normand Chaurette

dimanche 15 mars 2015


Nous marchons sur place dans le champs de nos souches pétrifiées.

samedi 14 mars 2015

toccata de mars

le malheur rôde et pleure
autour il avale amer
les poussières secouées
de son strict labeur

je lui offre mon aide
mais il s'agit là
dépendant d'anxiété
d'un malheur bien obstiné

son désarroi me désole
et son mutisme entêté
ignore les tempêtes alors
qu'un geyser boue en lui
à tout moment
près d'exploser

vendredi 13 mars 2015

Fuck la pause

- Ça ne te dérange pas si je mets de la musique?
- Ben, non c'est ton char, c'est ton royaume, tu fais c'que tu veux.
Je mets La Légende d'Overhead de Grim Skunk que j'ai écoutée en boucle toute la journée.
- Grim Skunk ostie! Ah c'est donc ben cool. T'es prof toi qu'tu disais? me demande-t-il d'un ton incrédule.
- Ouais. Mes étudiants font toujours un peu le saut quand j'ai trop chaud dans le cours et qu'j'enlève mon chandail de laine, j'ai toujours soit un t-shirt de Lagwagon ou soit un de NOFX en-dessous et là ils me demandent : "C'est quoi du Lagwagon?" C'est du punk, que je réponds. "Vous écoutez du punk??? - Ben quoi, tu t'attendais toujours ben pas à c'que j'écoute du Kanye West?" Pis là ils s'marrent. Admettons que ça fait tomber certains préjugés.
Sujet amené d'une discussion post-hockey après une game de fou alors que je ramène un coéquipier chez lui. J'ai préparé le but égalisateur, il a compté le but gagnant. Ça été toute qu'une game. Il a 21 ans, j'en ai 35 ans, donc ça me fait sourire un peu parce qu'il pourrait justement être un de mes étudiants. Mais quel solide hockeyeur! Ça bifurque rapidement sur la musique : j'ai affaire à un vrai mélomane. Comme moi, il joue de la basse. Sans faire de name drop, on parle avec enthousiasme de punk, de vieux rock, de nouveaux groupes, de la mort du disque et du disquaire, de jazz, de classique. Il n'aime pas beaucoup Bach, trop mathématique, mais il reconnait que joué par Gould c'est autre chose quand même. Son trip, c'est Debussy. Il connaît sa shit le ptit criss-plus-grand-que-moi, que je me dis.
Plutôt timide, avec l'air de celui qui ne veut pas déranger personne, il n'a pas dit un mot de la game - il remplaçait dans notre équipe pour la première fois ce soir - et voilà qu'il se dégêne, musique aidant. Et pendant que des instruments endiablés se déchaînent, dirigés par l'orgue fou de Joe Evil, on disserte musique dans la nuit tiède et vide de Montréal.

jeudi 12 mars 2015


une petite pause en attendant le retour des marées

mercredi 11 mars 2015

calme chaos

des orages dorment en moi
d'un sommeil fragile
pendant que de nobles violences
dansent en attendant leur éveil

mardi 10 mars 2015

Othello

"It is the cause, it is the cause my soul,
Let me not name it to you, you chaste stars!
It is the cause. Yet I'll not shed her blood;
Nor scar that whiter skin of hers than snow,
And smooth as monumental alabaster.
Yet she must die, else she'll betray more men.
Put out the light, and then put out the light:
If I quench thee, thou flaming minister,
I can again thy former light restore,
Should I repent me: but once put out thy light,
Thou cunning'st pattern of excelling nature,
I know not where is that Promethean heat
That can thy light relume. When I have pluck'd the rose,
I cannot give it vital growth again.
It must needs wither: I'll smell it on the tree.
                                                              (kissing her)
Ah balmy breath, that dost almost persuade
Justice to break her sword! One more, one more.
Be thus when thou art dead, and I will kill thee,
And love thee after. One more, and this the last:
So sweet was ne'er so fatal. I must weep,
But they are cruel tears: this sorrow's heavenly;
It strikes where it doth love. She wakes.

lundi 9 mars 2015


et mon étude du silence fut telle
que je n'ai pas dormi

dimanche 8 mars 2015

la soirée se termine et le fil s'est déroulé sans arrêt toute la journée sans noeuds sur lesquels broder quelques ramifications toute une journée à corriger si bien que l'énergie manque maintenant pendant la garde de cette nuit tiède et alors que je regarde et cherche une idée de sujet dans cette société qui fait les nouvelles ce soir le découragement et la fatigue m'imposent dans un moment de sage quiétude d'observer le silence

j'observe donc le silence attentif et calme devant l'infinité de ses formes, de ses couleurs et de ses visages sans masque

samedi 7 mars 2015

samedi après-midi

La première gymnopédie de Satie, la lente et douloureuse, me tire de ma concentration. Incapable de corriger avec ça. Il y a quelque chose de complètement mystique dans cette musique. Quelque chose qui force l'humilité et l'immobilité. La deuxième et la troisième suivent. J'écoute le temps s'éteindre, il n'y a que ma chandelle qui brûle. Du feu brûlant le vide. Je n'entends plus le bruit des voitures en avant. Le ciel s'assombrit peu à peu. Le jour passe sans que je l'aperçoive. Toucher léger sur notes si graves. 

vendredi 6 mars 2015

l'escalier

Écrire sur les grandes orgues désaccordées du jour. Fuyant, le soleil dehors ; les rayons lancent leurs dernières poussières. Teintes de rose et de bleu traversant les fenêtres, irisant le turquoise fou des murs. Bière noire, lourde de celles d'hier et d'avant-hier, petit prix sympa du défi relevé, amertume calme. C'est un torrent de Français qui entrent peu à peu et remplissent les marches de l'escalier. Tout est tout croche ici, dans ce repère d'asymétriques. Le joyeux cinglé du mois passé n'est pas là. Je me souviens de sa voix fluette et incomparable. Merveilleux niais désemparé pris dans le monde et pourtant si libre. Un autre ostie de poète. Les poètes sont les croisés de l'inutile, marchant au nom d'une foi sans dieu où surgisse parfois la beauté dans toutes ses aurores. Bières donc bues avec l'ami. Paroles et bons moments échangés avec lui. Inspirations, aléas, désirs et voyages à venir. Nos carnets sur la table sont déjà remplis. De nos écritures noires passées et de nos écritures blanches futures. Conclusions faites : écrire, écrire et continuer d'écrire. Sans arrêt, sans censure, seulement avec du sang sur ces mots où j'y vois plus de vie que dans l'immobilité ambiante, dans notre société stagnante, saignante de cynisme ambiant. Varlopées sont nos verves. Écrire donc pour déchaîner les fureurs. Ce soir, en entrant dans la nuit, j'écouterai le monde et ses bruits. Il faut réveiller le temps qui dort, écrire de la poésie et, pardonnez au vulgaire, écrire pour faire un pied de nez à la marde.

jeudi 5 mars 2015

repos


Je m'ennuie de l'odeur du feu.

mercredi 4 mars 2015

I have found in the bleeding stones
that mirrored back at me
cries of dust of ancient memories
trapped in the strength of time
the winds eroded my naked body
through minds of metal
the sounds echoing through my spirit alone
praying at a godless altar forbidden sanctities
O poems let's get lost in depths of reveries
so I can be at last as vast as my soul

mardi 3 mars 2015

Entre deux copies, Drifting back de Neil Young joue et ça sent le sable et le vent. Mais dehors les passants emmitouflés me foutent l'hiver en plein visage. Un hiver dénué de distorsions, de nobles poussières, d'une aridité qui me manque. J'aimerais que l'hiver transcende en ce moment un invincible désert.

lundi 2 mars 2015

And death shall have no dominion.
Dead men naked they shall be one
With the man in the wind and the west moon;
When their bones are picked clean and the clean bones gone,
They shall have stars at elbow and foot;
Though they go mad they shall be sane,
Though they sink through the sea they shall rise a again; 
Though lovers be lost love shall not;
And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.
Under the windings of the sea
They lying long shall not die windily;
Twisting on racks when sinews give way,
Strapped to a wheel, yet they shall not break;
Faith in their hands shall snap in two,
And the unicorn evils run them through;
Split all ends up they shan't crack;
And death shall have no dominion.

And death shall have no dominion.
No more may gulls cry at their ears
Or waves break loud on the seashores;
Where blew a flower may a flower no more
Lift its head to the blows of the rain;
Thought they be mad and dead as nails,
Heads of the characters hammer through daisies;
Break in the sun till the sun breaks down,
And death shall have no dominion.
- Dylan Thomas

dimanche 1 mars 2015

je n'arrêterai pas
de décrire l'opaque
l'abîme absolu
d'où jaillit l'inconnu

ma bien-aimée malédiction
je me solitarise
m'isole et m'enfuit
dans la nuit de mes espérances

sur le levier du monde j'appuie
j'essaie de l'équilibrer
         symétrie impossible
      des sabliers sombres
l'homme doit trébucher
accepter sa chute
et ses haleines rances

aller au bout de soi
jusqu'à dénicher l'épiphanie

mais il faudra profaner les tombes
de nos rêves enterrés vivants
avant qu'ils ne se décomposent
complètement

non je n'arrêterai pas
de tailler des cristaux de nuit
aveugle
jusqu'à saigner des doigts