jeudi 19 mars 2015

Une aiguille gratte le bras d'un paumé. Le coude coagulé il tend au bout de son manque de vaine une main itinérante. Lamentation tremblante, espoir vitreux et bouche béante. Il est là, personne n'entend sa complainte, son attente. L'homme de Vitruve disloqué, l'âme vitreuse. N'a pas la foi heureuse, ni aucun dieu ni mante religieuse. Pas de foi où se tourner aux coins des rues bondées de passants aux yeux bandés sur l'argent. Se masturbent l'ego sur le saint signe ces fantassins du fric. Tous ces bons petits soldats du Marché, ces bons petits pervers. Amibes et abîmes et hontes des révoltés. Pour se sentir coupable, pas besoin de péchés. Les corps stériles cherchent les drogues qui rendent les vies utiles. En haut des clochers, des anges impassibles. Regardent les hommes impossibles fiers sans raison, ergotant sans passion. Conversation interceptée et violences assassinées. Reste là transi sans transe, désert intersection des itinérances. Distrait des airs sans paroles, sans formes et sans sens, ne vois rien. Sans harmonie, sans histoire et sans héroïne à prendre. Que des poussières dorées sur l'horizons des ombres grises. Pendant que les heures agonisent, les oeuvres se détruisent. N'a pas pris les mêmes armes. N'a pas abattu les mêmes arbres. Les hypnoses de l'encre des lettres dans l'âme dansent les ancres. Le prologue est mort, le passé désaccord et le temps retors s'échappe dans l'inlassable nuit. Encore.

2 commentaires:

  1. Encore aujourd'hui, ce texte en particulier vient me chercher. Je le trouve vraiment bon.

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  2. "Pour se sentir coupable, pas besoin de péchée"
    "Pendant que les heures agonisent, les œuvres se détruisent"

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