lundi 21 septembre 2020

 






Hier j'ai cherché toute la journée à être seul. D'une vraie solitude. Mais depuis la rentrée sans surprise le monde retombe. Comme s'il n'avait rien appris d'une première erreur. Pourquoi cette obstination aveugle à reconnaître ses torts? À qui sert cette vanité? Comment dans l'âme l'orgueil peut-il être un pilier? Qu'est-ce qui amène un humain à croire ça? Je suis sorti dehors chercher la solitude, mais j'y ai trouvé trop de corps emprisonnés dans leur désir de liberté. L'illusion infaillible. La main pesante d'un dieu inexistant. Le long de mon fleuve, j'ai cherché à être seul, mais il y avait du monde partout. La vulgarité de leur insouciance, des centaines de solitude se pilant sur les pieds, les bulles - de savon ou de verre - sont si fragiles. Leur égoïsme arrogant. Je leur écorcherais le visage, à une distance de plus de deux mètres. Pourquoi je fais jamais de télékinésie dans mes rêves? Sur le sentier serpentant le fleuve, des Français loin du Plateau. Égocentriques décentrés. Un en particulier. Il était là, dans le sentier, je voulais passer, il ne bougeait pas, me regardait en souriant du sourire le plus niais que j'ai vu depuis le début de la pandémie. Mes muscles étaient tendus, des loups prêts à bondir. Échos des hurlements insonores dans ma tête, gyrophare du conscient, alerte, sensation d'urgence, de trop-plein, ma patience est plus que jamais sélective, pour eux je n'en ai pas. Je me départis de mon prochain. À tous les jours. Je quittai les courbes du fleuve et remontai, mais le parc fourmillait de gens. Un attroupement, une célébration, une autre illusion. Ils riaient si fort et si gras, sans distance, sans respect, sans aucune modestie. J'ai marché ailleurs mais n'entendais qu'eux - tout le monde n'entendait qu'eux. Ils m'ont privé du remous du fleuve et du vent dans les arbres. J'ai cherché ma solitude ailleurs et je ne l'ai pas trouvée. Des enfants bruyants et innocents, des adolescents complètement largués - une pensée pour ceux et celles qui ne font que leur lancer des cordes, même si elles finissent trop souvent au sol, comme des racines molles et sans vie - des adultes ambigus aux responsabilités feintes. Ce que l'adolescent sera si ça reste ainsi. Ils ne m'inspirent plus rien. Mon empathie est bien confinée. 

J'ai attendu que la nuit tombe pour ressortir de chez moi, je savais que je serais seul comme je le voulais. Il m'a fallu attendre la nuit. Et encore, certains autres étaient là. La vraie solitude, elle n'existe pas. Mais je me suis contenté quand même, j'ai même fini par entendre le fleuve. Je ne sors plus le soir parce que je ne vois plus rien dans le noir, tout ce qui brille est rendu flou. Mes yeux n'ont jamais autant eu besoin de lumière. Je suis plus ou moins servi ces temps-ci. Enfin la ville était derrière. J'étais sur le quai entre la marina et le Natatorium. Le quai des douchebags. Monosynaptique, hypothermie mentale. Ils sont déjà sur le bord d'hiverner, tandis que l'automne arrive et que tout est en train de commencer. Au bout du quai j'écoutais les vagues. Il y en avait plusieurs. La douceur ondulatoire de l'eau rencontrant l'air. Elles étaient illuminées par les énormes et tristes tours à condos de l'Île des Soeurs en face. J'ai entendu des bruits de crépitements ; sur le petit sentier qui serpente le fleuve - là où les Français aujourd'hui se gaussaient d'exister - un petit feu maitrisé réchauffait le dimanche soir de quelqu'un, il devait chercher sa solitude lui aussi. L'eau devant lui brillait orange de petites flammes aqueuses. On ne se voyait pas, mais j'avais l'impression qu'on se connaissait déjà. Le quai tanguait sous mon poids. Calme du remous. La nature somnolait autour. Légers ronflements. Le vent dans les arbres. Des animaux piaillaient fatigués de leur journée, d'autres se préparaient à vivre leur nuit. Mais le ciel était bien silencieux, lui. Et les étoiles brillaient. Elles étaient floues, mais elles brillaient.





















mercredi 16 septembre 2020

 










merci mon ami 
on a cordé les retailles 
de la Voie lactée






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fait que des fils de 
lumière dans les étoiles
attendent l'éclair