vendredi 18 mars 2022

éloge de l'inachevé

 

chaque achèvement amène sa petite mort
il faut laisser l'oeuvre perdurer dans le silence
en musique consonante 

nager dans les soupirs 
et les vagues imprévisibles d'un commun néant 
qui passe 
latent

quand les intervalles apaisent le chaos 
jusqu'à ce que le destin se berce
des va-et-vient sur place 
là où les nombres s'épousent
glissent autour du lustre
vers l'irradiant 
dans l'éclat total de la beauté 

il faut décliner les angles de la lumière
trouver les détails dans la chair du flou 
sans foncer jusqu'à l'éther 

dans les seconds mouvements 
toutes les petites morts évitées
les détours du changement 
les sacrifices adaptés

libérer la constance de tout ordre
maîtriser l'agonie 
toute la vie en ressort
 
l'inachevé comme un étirement 
de l'esprit déployé en fauves 
des lyres de souplesse dans l'émail du corps
donner du temps suspendu



l'on n'achève pas ce que l'on est
l'on ne souffre aucun frein