vendredi 21 décembre 2012

pensée du soir

I gave my youth to yelling at rivers that refused to flood with angry tears
Now abundant beers await to erase redundant years
-Patrick Stickles

dialogue

Il n'a d'effet sur moi que le pouvoir de son odeur et le râle de son chant. Il souffle sur cette humanité désolée que je me construis et mets en ruines pour constituer ma voix d'un semblant de signifiance. Il n'a d'effet sur moi que celui de glacer le sanglot de son extraordinaire indifférence. Conjuguant l'âge et l'être, il est la monture du temps où s'égarent les thèmes, il défait les passages devant afin d'y marcher jusqu'à s'y perdre. Et dans la peur éclatée dans l'arbitraire d'un clignement de paupière s'exposent ta morsure et ma peine. La voix du vent que j'avale, cette voix qui m'engouffre et m'explose. Il décuple ma colère, ma violence et ma révolte. Il décuple l'écho des nymphes et mon amour effrayé dans les parallèles défaits de l'asymétrie du coeur, dans l'abattement emporté dans l'implacable, et il hurle son mystère avec toute-puissance. Il n'y a rien à faire sinon s'étourdir à son cri aigu, et attendre qu'il revienne et repartent avec les mêmes illusions. Le vent n'a d'effet sur moi que mon incapacité à lui rendre justice et m'en départir.

après-midi grise en tout sens

The scent of Thyme carried on the wind
Stings my face into remembering
Cruel nature has won again
Cruel nature has won again

On Battleship's Hill's caved in trenches
A hateful feeling still lingers
Even now 80 years later
Cruel nature
Cruel, cruel nature

The land returns to how it has always been
The scent of Thyme carried on the wind
Jagged mountains, jutting out
Cracked like teeth in a rotten mouth
On Battleship Hill I hear the wind
Say "Cruel nature has won again"
"Cruel nature has won again"
"Cruel nature has won again"
"Cruel nature has won again"

                                               -PJ Harvey

mardi 18 décembre 2012

la goisse

La goisse c'est l'immondice accumulée en raclures dans les ventricules psalmodiques du coeur. L'immondice tâchant le sang, interpénétrant les globules et déplaçant sa glaise dans le trémail du corps. C'est la morve de l'ombre mélangée au crachâme. Le mal aise le malêtre. L'inepte babil, le caillot noir indicible, la goisse engorgée dans le hoquet du temps et que tranquillement je régurgite au dehors des mots. 

lundi 17 décembre 2012

le mot ment

L'inéluctable désir oblique du regard. Les sens inaffranchis étournés vers les trottoirs où marchent monocordes quelques épines dorsales. Agrémentées de roses à leur cou, à leur nuque fragile de neige. Et dans le souffle des foulards, quelques beautés passent. Que des phases. Superbes ficielles. Et les couleurs autour s'évadent, comme sur toi ma folie constellée du temps, comme ta présence et ton parfum dans les marées du rêve. De ce moment. Insaisissable.

drones

...dans l'écho du tunnel de briques réverbère le bourdon mécanique de l'inhumanité sublimée enfoncée dans les cratères de l'inconcevable et l'inconsolable... chantent dans ma tête les hélicoptères d'un ciel interminable d'un printemps de neige miné de dirigeants minables... à mes côtés un homme violonne Vivaldi, l'été en plein décembre sous la tempête rouillée du violon de l'itinérance vivant dans cette musique un peu plus longtemps... étouffé par une nouvelle rame, un autre train emportant dès maintenant l'impossible originalité du quotidien, routine en métro majeur, l'âme mineure éperdue dans le drone du matin...

mardi 4 décembre 2012

temps du jour

Ma mère nature bipolaire aujourd'hui prise de fièvre, tandis que non loin dort l'hiver en attendant je ne sais quoi, probablement rien. Cette odeur hallucinante de bois, de terre humide et de feuilles mortes. L'automne de décembre dans une douce agonie pousse un dernier souffle sur un petit poème de marche.