dimanche 28 avril 2013

Temps des jours

Le balcon brûlant se conjugue à l'amertume laiteuse et anisée du pastis. À la croisée d'une multitude de variables tantôt désarticulées tantôt promptes, je défais certaines pensées, j'abolis les images et me réduit sans cesse en mon centre ; j'écris et m'oublie aux passants, au temps qui vente un peu tiède maintenant. Et veulent surgir les espérances latentes que je repousse dans l'alcool blanc.

jeudi 25 avril 2013

Énorme

(désolé de n'avoir pas l'original anglais)

"Tous les grands livres du monde ne sont que les ombres mutilées des images invisibles et éternellement inincarnées de l'âme ; ne sont que les miroirs qui nous renvoient les reflets déformées de nos propres éléments." - Melville

mercredi 17 avril 2013

Un pont

Une autre pierre au pont posée, un autre livre de terminer, un soldat de plus dans mon armée du langage : The Primal Screamer, de Nick Blinko. Dans les deux derniers jours, toutes mes pensées se sont concentrées autour de ce "vivid void", ce "néant vivifiant", et un autre constat s'est ajoutée entre moi et la conception que je me fais de tout ce qui est autre. Cette constatation a quelque chose d'inquiétant mais également de fascinant : ce total et irrévocable attrait que j'ai parfois à (l'envers et) l'endroit de la folie. À défaut d'avoir un sentiment récurrent envers un concept unidirectionnellement fataliste, ou absurde, comme la mort ou - ce poison lent de mon ère - la violence, je manifeste plutôt un intérêt particulier et latent, parce que j'y pense et que cela sommeille en moi depuis très longtemps, envers la folie. Non pas que j'y sois sujet, c'est justement cette inaccessibilité qui la rend d'autant plus séduisante : le fait de ne pouvoir traverser ce pont - de voir ce qui se trouve de l'autre côté, ce que je peux même voir à l'oeil nu - est d'autant plus hypnotisant parce que visible mais hors d'atteinte, parce que si proche mais inatteignable - et donc rejoindre sinon entrevoir le spectre éclatant de la folie. Puis c'est sur ces assertions que le spectre s'écarte.
Le livre de Blinko raconte le combat d'un homme contre la folie, à travers les yeux de son psychiatre. Combat inégal s'il en est un car l'on ne peut battre la folie, on ne peut que l'accepter. Le premier tour de force de ce roman semiautobiographique est la dépersonnalisation de Blinko, qui confie la narration à l'autre (le psychiatre), créant ainsi une triangulation lui permettant de s'observer, de s'analyser et de se critiquer avec une franchise et une honnêteté très audacieuses : il y a dans cette technique une inspirante acceptation de sa propre vulnérabilité. Puisque que la folie demeure le fil conducteur du texte, Blinko ne peut contenir pareille dépersonnalisation pendant 120 pages et tranquillement, à travers le monde des rêves et de l'hypnose, l'autre devient l'autre en soi, la décompensation des défenses amène une régression, jusqu'à la fusion des deux personas se soumettant à plus fort que soi(s) : la folie. La franchise et l'abandon de Blinko sont admirables, totales et cathartiques.
Le dernier chapitre du livre est le plus tordu mais le plus fascinant parce que le plus mystérieux, parce qu'il ouvre une porte sur le monde au-delà la réalité et de le folie - le monde de l'innommable, le monde du rêve : "Dreams are important. Far more important than the drab consciousness of our awakened state. I have reason to believe that it is possible to enter the dreamworld entirely." Alors que tranquillement je me prépare pour la lecture de Finnegans Wake, - livre libre au symbolisme éternel parce que circulaire, livre que Joyce mit 17 ans à écrire et pour lequel on le traita de fou, livre-spirale qui utilise le langage du rêve - cette finale ne pouvait être plus appropriée. À suivre...

mardi 16 avril 2013



"Creativity, however pessimistic it appears, is quintessentially optimistic, proven by the fact of its actual existence."          
- Nick Blinko

dimanche 14 avril 2013

Ouch

"La maladie avait fait son lit en lui, ce n'était plus qu'une question de temps - De toute façon, il y avait des années que Jack savait qu'au bout de la route on ne saurait trouver que la mort... que la mort... oui, Jack est mort le 21 octobre 1969... et vous???"
- VLB

mercredi 10 avril 2013

temps des jours

se laisser aller dans un autre ouvre-rage
ne pas baisser l'oeil, alerte
fixant toujours cette quelconque quête
accepter l'obstiné mirage

samedi 6 avril 2013

Constat

Lire Utilité du Beau de Victor Hugo et me rendre compte que toutes mes aspirations poétiques ont été théorisées et dissertées avec une maîtrise absolument inégalable il y a plus d'un siècle et demi.  Rien pour dissiper la première inutilité de ma poésie. Coup de barre. Casse / Un accablant clou de plus sur le cercueil duquel je tente de m'extirper.

jeudi 4 avril 2013

jouer

"Au Québec, nous avons été longtemps à nous priver de la liberté de jouer avec les mots. À la vérité, nous n'avions pas le temps d'avoir de l'humour, et pas la force. Nous n'étions pas un peuple sain, en ce sens que l'immédiat exigeait tout de nous. Pourtant, nos pères connaissaient bien l'art de jouer avec les mots. Toute notre tradition orale est pleine de ces contes joyeux qui disent bien que nous étions une tribu au verbe audacieux qui avait l'instinct du langage."
- Victor-Lévy Beaulieu