samedi 24 décembre 2016

Y'a tellement eu de poésie dans les dernières soixante-douze heures pis je parle pas de Noël pantoute que j'suis incapable de tout structurer comme du monde pas d'ponctuation pour ce texte comme une longue partition inaudible et chaotique bruit et fureur toujours et encore parce qu'on peut pas tuer les créatures qui grondent sous la peau je laisse les pauses les arrêts les temps morts à ceux qui prendront le temps de s'arrêter ce qui ne peut être mon cas parce que le creuset du souvenir a fissuré éclaté explosé en mille morceaux de peau corps frissonnant dans les nuits bleues qui n'appartiennent qu'à nous en mille fragments et notes de la plus belle voix du monde my fate cries out and make each petty artery in this body as hardy as Nemean lion's nerve Hamlet câlisse j'aimerais tellement ça des fois que t'aies pas tout le temps réponse à tout estie écrire décrire étudier disserter la marche du train ininterrompable écrire marcher sur le fil d'une lame impitoyable qui pourrait me trancher pieds jambes tronc et tête en attendant j'écartèle les fils emmêlés de mon coeur et de mon cerveau crâne globe détraqué le destin peut cogner à la porte Symphonie no.5 de Beethov comme il peut se matérialiser dans la sonnerie d'un téléphone que je pensais impossible fulgurante impulsion imbibée de la rosée du passé pas si loin quand même fulgurante impulsion que je dois à mon ami mon frère fulgurante impulsion dans le silence total et complet de mon ivresse et au hasard d'un troisième de couverture d'un vieux livre dont je n'ai jamais pu me départir prendre un risque Un coup de dés jamais n'abolira le hasard comme disait Trèsbienarmé la fontaine d'encre semble sur le point de déborder peut-être entachera-t-elle à jamais la déferlante de mots tanguant entre la chorégraphie de la neige et les entrailles d'un abîme séduisant je suis sur l'enclume et attend la sentence du marteau sans maître frissons corps tétanisé mon dos me lance pris du nerf d'avoir marché hier vingt mille pas légers sur la terre dans les artères de Montréal à l'ombre des buildings et du Mont-Royal jour d'hiver sans vent à tonitruer le débit démentiel du Québec Redneck Bluegrass Project mon sang de bleuet en ébullition ne pas anesthésier la douleur vive du corps qui veut trop vivre art de la fugue impossible titan baroque la folle allure estie oeil humide quémandant la protection de la paupière une barrière de cils dressés desquels s'écoule lentement le sel de l'âme se défoncer le crâne à coup de Kerouac et de Whitman I contain multitudes tabarnac les mains tremblent en tournant les pages mentales la pensée entièrement tournée vers la matérialisation de ce qui ne fût qu'un songe d'une nuit d'été revécue mille fois dans mes détours et mes déroutes et la confusion du rêve ma tête décapitée trône sur la lance de mes obsessions au vu et au su de tous ceux dont je sens l'absence mais le regard scrutateur un jour je terrasserai la honte pour renaître une envie irrépressible de lire The Dead du maître une des plus extraordinaires fins de l'histoire de la vie le trouble revient ma tête va exploser trop d'images incongrues de mots insensés tertres déferlant de peur sourde harasser la nuit qu'on m'arrache les ongles suite au démembrement de l'écorché cataplexie ankylosée brume et frémissement du stupre possible incandescence des failles où partout elle se révèle dans son mystère canonique catharsis spectrale aura et halo des parfums défaits que je reconstruis dans les bribes narcotiques des blues de Ti-Jean j'irai au Mexique avec tes poèmes Ti-Jean pour sentir ta folie tes excès et ta liberté me gravir m'envahir la colonne vertèbre par vertèbre poème par poème tantôt dans la ténèbre délétère tantôt dans la brûlure d'un ciel infini toujours s'enivrer avec éthique et volonté je cueille les absinthes du soir et bois la fée verte de ses yeux dénués d'éclipses The Castle was a Dream Now learn that the water is a dream For when the Tide of Disaster Rises water will disintegrate And all will be left Is the Successful Savior Abiding Everywhere in Beginningless Ecstatic Nobody Ti-Jean du câlisse aux mille têtes chercheuses tes beats me rentrent dedans et tapent et vivent fort dans ma pauvre poitrine amaigrie spiritualité décalée que je n'ai pas j'ai choisi malgré moi le verbe apostat des fois je me dis que ça serait tellement plus simple de croire en dieu pas de majuscule désolé mais non rienàfaire dionysos peut-être à bien y penser pourrait me servir d'auguste patron le dyonisiaque nietzschéen me définit assez bien finalement dissolution du soi dans le Tout et la Nature fougue erratique insaisissable et sensuelle je suis une pierre brûlante relents des vapeurs du bronze et du feu qui tapissent mes sens uisge beatha inestimable limon fleuve marée fauve d'une orfèvrerie nouvelle nous ne souffrirons pas de rupture de la fébrilité de l'intensité de l'émotion à l'état pur c'est pas de la colère câlisse c'est de l'énergie et j'en ai plein troplein mon être ahuri ce n'est pas un spasme ni une tempête c'est une avalanche interminable dans laquelle je n'entends que l'écho de sa voix impossible qui court dans l'errance et l'aléa superbe mot de mon globe détraqué et pourtant au bout de mon souffle qu'est-ce tout cela sinon a quintessence of dust?

6 commentaires:

  1. Réponses
    1. Hey, t'es pas supposée me lire un soir de réveillon toi, tu reçois du monde ;)

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  2. Peu importe par qui on jure, on s' entend que Shakespeare c'est le meilleur? :p

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  3. Quand la Muse, si longtemps espérée, pensée disparue pour de bon, se manifeste enfin, d'une parole caressante, dans toute sa profusion!

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