samedi 3 juillet 2021

 




Me réveiller bien au chaud sous ma lourde couette de plumes, dans l'appartement anormalement froid en cet étrange matin de juillet - deux jours après de grandes chaleurs ne m'ayant qu'abrutit -, toutes fenêtres ouvertes et traversées d'un grand vent chargé de nuit fraîche, à côté son corps endormi plus brûlant encore, voilà ce qui me prédispose à une matinée des plus calmes et sereines. Libéré des soucis du travail depuis plusieurs jours déjà, après m'être posé pour ralentir l'élan, je pourrai enfin me reposer et m'offrir le luxe d'une oisiveté espiègle où je ne serai bon qu'à lire.

Au sortir du lit, les yeux encore pétris de sommeil et le corps se déliant de l'immobilité nécessaire au rêve, le froid est si bon que c'en est une bénédiction. Dehors, je n'entends que la rumeur de l'aube qui s'anime : chants d'oiseaux, bruissements des feuilles, désertions humaines sinon l'écho d'une voiture passant très loin et la somnolence d'un ciel paqueté de nuages. C'est à ce moment, avant le premier café, la première page ou la première musique du jour, que je suis le plus calme possible, proche d'une paix complète avec moi-même, déposé, posé et reposé. 

Et c'est à ce moment que je sens soudainement mes failles travailler, tranchées saillantes, ce qui me plonge dans un paradoxe dont je me passerais bien. Habituellement, dans l'état d'alerte et de tension que provoquent tantôt ma vie professionnelle tantôt ma vie sociale, un élan perpétuel me détourne du repos, m'empêche de me poser et de se ressentir, dans la lenteur et la patience, les faiblesses et les blessures de mon être; je les sais présentes et m'en accommode, je travaille dessus. Mais lorsque mon environnement me dispose au calme et à la tranquillité, lorsque les failles s'activent, désirantes d'être ressenties et considérées, et me refusent le repos complet, ce sont alors elles qui travaillent sur moi.

À savoir si je sors grandi de cette impression paradoxale, je ne saurais répondre. Dois-je chercher le repos et accepter l'éventualité d'une introspection tranchante, ou le mouvement perpétuel de l'action permettant de s'éloigner de ce que tous cherchent à fuir? La question a plus d'importance que la réponse et s'y attarder est probablement plus positif que négatif, mais quand doit-on arrêter le questionnement? On cherche à s'en échapper ou l'on accepte que la réponse nous échappe? Essayer d'être calme sur la corde la plus tendue.






































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