vendredi 2 septembre 2016

des lyres automatiques

Vous souvenez-vous de cette rue où nous avions cru nous perdre? Repères distincts, cordes tendues qui creusaient nos fils sensibles, j'entends encore ce que nous avions cru possible ; contrepoints des fracas, le travail du métal fait son office, attendre le langage des érosions - je préfère me perdre, m'oublier, je voudrais que le monde me rappelle quelque chose de beau, une innocence éphémère qui n'aurait pas eu le temps de durer, de forger ces invisibles qui me hantent - j'entends les cris que vous me refusez, votre enclume comme le seuil de songes à forger, berceau de métaux nobles frappés par le marteau sans maître, je dessine lentement le télégramme de ma contingence, j'ai oublié de vivre (je vois se dessiner les racines d'un arbre plus grand que moi, dans ses sillons se cachent le temps qui rampe et la mue de l'écorce, je veux m'abreuver de sève taillée à même la chair jaune du tronc - permettez-moi les corps, permettez-moi les évasions, permettez-moi d'imaginer mes propres ennemis, mes nemesis pourpres d'un combat singulier - j'entends encore et toujours vos offrandes et me permets les écarts, vos visages éteints, ces sculptures inadéquates, fouiller ses racines et croire que nous avons lancé un écho) mais non, j'ai cru scruter le monde dans l'étang des cygnes handicapés, plumes émondées - j'ai vu dans le berceau de l'encre, dans l'aube de la fente, le puits noir de mes ombres ; dessine, caresse les corps, ces corps de territoires abstraits...  la ruelle regroupe les autres, sombres, canevas du clair-obscur, je préfère m'en remettre aux fantômes de mes nuits.

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