jeudi 10 septembre 2015

Cette chanson qui me hante depuis hier soir que j'en ai presque rêvé cette nuit le clip pure poésie en images et en danse le vent et les vagues des crevasses glaciales de neige cette Islande qui m'attire de plus en plus j'irai me perdre là-bas l'été prochain un long mois au même endroit question de jeûner de soleil et d'été un peu jamais j'ai autant espéré l'hiver respirer les volcans sentir la roche millénaire sous mes pieds en attendant que les geysers éjaculent dans un juillet que j'espère froid peut-être que je ferai du longboard sur les longues routes sinueuses et lisses et que je me sentirai libre ou que je me pèterai la gueule et que je me ramasserai dans un hôpital de Reykjavik et qu'on s'occupera de moi en islandais mais d'ici là rien mon café est froid je devrais me lever et m'en faire un autre mais ma tête file à toute allure et je n'ai pas le temps d'arrêter je dois terminer de préparer mon cours de la semaine prochaine et pour ce faire je dois relire rapidement vingt-sept contes fantastiques québécois de loup-garou de diable de curé tout-puissant de feu-follet de marionnettes et d'horreur morréal des créyances pis de couleuré langage de Jos violon l'unique et cric crac cra sacatibi sac-à-tabac mon histoire finit d'en par-là et en faire des analyses sommaires parce que je dois expliquer à mes étudiants qu'est-ce qu'il en retourne puisqu'ils peinent pour la plupart à se figurer eux-mêmes le propos de notre minuscule mythologie la chanson est sur repeat plaisir coupable en même temps je veux aller voir les monstres magnifiques de David Altmejd au musée d'art contemporain tous ces univers éclatés et écartelés comme mon putain de cerveau en ce moment aller prendre une bière avec Luss après pis jouer au hockey en soirée première fois de l'année mes genoux sont dégueulasses et craquent de partout il faut que je finisse mon recueil de poésie que je continue mon roman avant que l'ourobouros s'avale complètement avant qu'il fasse nuit avant que je devienne aveugle que je claque à quarante ans comme cet ostie d'être impossible me l'a dit à New Delhi mais il y a trop de choses à faire trop de choses à taire avant de faire tout ça j'ai même plus le temps de lire comme je voudrais et pourtant cette impression que je fais rien dans ce texte fleuve où la poésie peine à garder la tête hors de l'eau mais faut que ça sorte peu importe si ça sort mal de dedans moi mais en même temps je suis donc ben insensible je devrais arrêter de tout faire pour m'insurger contrer le monde et les injustices de tous les jours des coupes en éducation de la grève à venir d'enfant mort noyé sur une plage en Turquie je devrais arrêter de rêver à l'Islande à Joyce et à Walt Whitman je devrais alimenter mon fil Facebook et Twitter pour avoir des likes qui servent à rien à me donner bonne conscience en likant et partageant la bonne conscience de ceux qui prennent le temps de dire à tous et chacun qu'ils ont bonne conscience mais non je ferai rien de tout ça je vais écouter cette ostie de toune absolument sublime parce qu'il n'y a que ça j'aime et qui me donne quelque chose ici bas la beauté la poésie le sublime l'art sous toutes ses formes je suis peut-être individualiste dans le fond je marche en dehors de la parade de la fanfare horizontale dans la nuit dans le silence dans mes tremblements dans mes draves et mes friches dans mes pleurs sombres dans mon désir irrépressible de vouloir tout lire tout écrire tout faire encore et encore à chaque jour pour ne pas mourir à quarante ans d'une crise cardiaque alors que je fais l'amour ou encore pire en vélo seul sur une route perdue et sur la patinoire alors que je joue mais non mais non il ne faut pas penser à cela ça n'existe pas ces choses personne ne peut prévoir le futur ça s'arrête là non ça n'arrêtera pas je ne veux plus arrêter et pourtant il va falloir que j'arrête car j'ai soif et je dois faire tout ce que j'ai dit que j'allais faire mais avant un autre café encore un peu de temps juste un tout petit peu de temps pour terminer cette phrase fleuve que je voudrais interminable impossible personne ne la lira jusqu'au bout ils vont s'emmerder avant s'ennuyer avant perdre le fil au pire mais non il faut que j'arrête et je n'ai même pas dit la moitié de ce qui se passe dans ma tête et veut sortir avec une telle force que je dois la taire à grands coups j'aimerais tellement gagné ce putain de concours je n'ai pas parlé de ces musées vivants que sont les forêts je n'ai pas nombré tous les malheurs s'abattant sur le monde ni les bonheurs qui n'ont plus la cote de nos jours je n'ai même pas fait le ménage des mots restés dans le filtre des songes je n'ai pas assez mis de poésie dans ma matinée j'en veux plus et toujours plus de cette maudite beauté désespérante et magnifique tracée dans le sommeil des saisons dans l'ombre déchirée et aveuglante des cris dans ce sang en furie violant le granit des lits et dans le souffle des secondes perdues.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire