jeudi 1 août 2024




Saturées de soleil, mes pensées plongent dans l'onde, laissant les grands cours du remous détendre le silence. Celui qui n'est pas l'absence de bruit, mais bien le choix de se taire. Je pose mon regard sur ce qu'on ne voit plus.

La ville derrière moi s'exile un instant; que le bruit des rapides dans un vent épuisé, lui aussi accablé de chaleur. Dans l'ombre, la roche où je m'assois reste fraîche, presque par pudeur, dans cet été qui n'a de cesse de surchauffer.

Le fleuve est un corps multiforme et dépareillé qui crache son ressac sur moi. Énorme gueule aux entrailles sourdes, béance de rugissements et de bâillements, selon ses humeurs ou ses caprices dont nous sommes parfois la triste cause.

En retour, je crache dans le fleuve une offrande noyée. Ma salive parviendra-t-elle à atteindre ces lèvres perdues, ces rêves lovés dans le limon? Sous le voile de l'eau, la dormance d'épopées invisibles. Que sait-on de ce qu'on ne voit pas?

Au carrefour des luttes, je me perds en réflexion dans l'apnée des idées. Je remonte à la surface et m'oublie dans le ballet d'une sterne. Ce lieu n'est pas à moi et ne le sera jamais, mais je tâcherai de l'habiter avec humilité et respect.
























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