jeudi 5 juillet 2018














La chaleur dans les chairs. Dans la canicule, les gyrophares chantent. Les sirènes n'ont pas toutes des queues de poisson. Ça ne pouvait qu'imploser---ou pas---dans une déflagration d'images de songes éclatés de lumière sombre. Des brèches, des failles et des plaies où pulsent d'obstinés souvenirs rampant comme lierres trop touffus, où poussent les grappes des alcools d'hier. Trop de mots, trop de lettres, écrites ou non, lues et relues, envoyées ou non. Être en manque de correspondance. C'est la faute à Jack Kerouac. And his madlongletters pleines de flamboyance. Surtout celles au tournant de 1950-1951 lorsqu'il vient de découvrir sa façon d'écrire, quatre mois avant l'état de transe qui amènera On the road, lorsqu'il sait qu'il doit trouver le It qu'il fera chanter dans toutes ses oeuvres à venir. Lire et constater et voir---lettre par lettre, les unes après les autres---la voix de Ti-Jean naître, parce que the voice is all... Sentir que dans certaines lettres, c'est à moi qu'il écrit et personne d'autre. 
    Écrire à défaut d'aller voir son monde. Ça ça ferait changement. Mais encore là, pas le temps. Dans la catégorie des poèmes du quotidien un peu niaiseux : prendre le temps/de faire les choses. On pourrait ajouter "défaire les choses". Parce que tout est toujours faire ou refaire, ce qui équivaut à défaire ce qui était---et on parle même pas de parfaire. Mais pas le temps---étrangement. Se sentir en dette, comme si je devais quelque chose à tout un chacun. (Y'avait huit rencontres à avoir, des bières entre amis, connaissances et esprits, j'en ai eu deux, j'en ai relancé trois, qui pouvaient pas ; j'ai bu à la santé de tous.) 
   Écrire à la place? Prendre le temps de faire les choses. (Je devrais mettre à exécution mon désir d'écrire une lettre à personne et à tout le monde, à soi et à autrui, mais sans superadressé. En fait sans autre superadressé que celui qui ne l'a jamais été, que celui qui n'existe pas---Yes, the "mysterious reader") Cinquante pages de notes not nuts manuscrites non retranscrites à accumuler les haïkus, à lettrer les épiphanies comme on chiffre l'univers, à lire les ratures, à grappiller citations de Joyce, Pessoa et Kerouac qui constituent la quasi-entièreté d'une attention, plus que singulière mettons, depuis beaucoup (trop?) de temps déjà---Dois-je me surprendre être intrigué par les mythes à ce point? (Là-dessus, chapeau Fernando! La palme du lucide te revient : Myth is the nothing that is everything. Bravo Personne! (Non, mais tsé...)) Cinquante pages à la calligraphie changeant selon le temps, l'émotion et l'espace, finding patterns into chaos that shouldn't be there. Dois-je me surprendre que toutes questions et hypothèses ou réponses s'accumulent tout le long droit de pages obliques pour en arriver à la fin du carnet à cet unique mot écrit en grosses lettres : INTIMITÉ---??? (depuis beaucoup de temps déjà)). Mais quoi dire. Le serpent siffle : "Tous ces cents vicieux secrets!" Quand l'in- devient l'ex-. Cinquante pages de notes à partager à parsonne. À part faire. À parfaire.
   ---Peser sur pause un peu. Prendre le temps. Savoir le faire. Savoir. Savoir-faire. Savoir-vivre. Savoir vivre. Vivre. Peser sur pause pour quelques temps, question de le retrouver et le prendre. Écrire le temps. Kerouac : "And anything I write from now on is my own business and my own possession and I have no fear that it will be useless." Ça semble si simple. Tout accumuler l'inutile jusqu'à ce qu'il s'avalanche, blanc sourd et noir criard (ou l'inverse) de mots enrobant le silence seul---un silence pour chacun, pour chaque mysterious reader, jusqu'à épuisement des stocks.
    D'ici là, je serai fermé pour rénovations.
    Je suis parti manger de l'asphalte.
    Je suis parti embrasser le frette.



























1 commentaire:

  1. Implosion causée par la fin d'une étape ou due à la canicule? Peu importe si au final, elle ajoute de l'espace entre les virgules et des km sous les baskets...

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