lundi 22 août 2016

recommencer à travailler ce matin
damnée rentrée sur fond de grève - encore
devrais me mettre au travail mais non
pas facile quand on est pris dans un livre
qui ne veut pas nous laisser partir

je lis à peu près 75 oeuvres par année
poésie théâtre roman essai
si je tombe sur cinq chefs-d'oeuvre
je me considère chanceux

j'en ai un dans les mains
des rayons de lumière d'août
dans le Sud gothique des États-Unis
une écriture hallucinante si bien
que je lâche un sacre bien senti à toutes les deux pages
devant les beautés accomplies
qui émanent pourtant d'une si terrible noirceur

"Sur le quai morne, dans l'aube triste de ce dimanche matin, trente ou quarante hommes attendaient l'arrivée du train par les portières éclairées passèrent et s'arrêtèrent pour un instant avec un grand bruit. C'était un train rapide qui ne s'arrêtait pas toujours à Jefferson. Il s'arrêta juste le temps de laisser descendre les deux chiens : un millier de tonnes coûteuses de métal curieusement compliqué qui arriva, étincelant et grinçant et qui, dans un silence presque choquant, empli d'un misérable bruit d'êtres humains, vomit deux fantômes dégingandés et apeurés dont les têtes pacifiques aux oreilles tombantes contemplaient, avec une servilité triste, de pâles faces d'hommes qui, depuis deux nuits, n'avaient guère dormi et qui les entouraient de quelque chose de terrible, d'intense et d'impuissant. On eût dit que l'offense initiale du meurtre entraînait dans son sillage, et donnait à toute action subséquente, quelque chose de monstrueux, de paradoxal et de faux, contraire à la fois à la raison et à la nature."

- William Faulkner

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