dans la déferlante le jour s'affale
et laisse place à la nuit
je dévale anonyme à vélo dans les rues
bitume gris ruisselant de lumière
son bruit lacère étincelle
mes yeux fuyant le flou d'humeurs amères
porté par la rumeur de la ville
où s'éveillent des oiseaux de nuit en mal de ciels
j'observe mille âges déambuler dans le soir
pulsés par l'élan d'une volonté millénaire
des corps pareils et interchangeables
dans l'oubli de l'altérité naît
la terreur de l'identique
la jeunesse se promène la peau
offerte aux caresses de la nuit
(ce qu'il faut faire pour un peu de tendresse)
appât et langueur des démarches
d'une petite humanité qui transpire le stupre
quand le désir devient un besoin
l'éternel retour du même
aux terrasses des quarantenaires attablés
décompressent yeux fatigués de leur semaine
verres de rouge et contenance compensée
quelques sourires brillent de leur apaisement
tous ces Autres qui se fondent
dans un amas de nuit où brillent réverbères
feux de circulation lampadaires et lumières
diverses striant à la face des lieux
leurs petits éclats de feu
après des pintes avec l'ami
au Saint-Sacrement où l'on a dialogué
notre petit coin du monde
à coup de désillusions lucides
et d'espoirs obstinés
la ville me recrache dans le sud-ouest
où la rumeur s'est épuisée
je file à toute allure le vent dans le dos (enfin)
silhouette dans l'ombre
je me fais jambes et muscles en furie
et coeur et poumons formidables
haletant l'air d'une nuit froide
je me fais machine à fendre le silence
d'un minuit profond
arrivé en mon lieu
dans la complicité de l'intime
fucking Godspeed You! Black Emperor
No Title As of 13 February 2024, 28,340 Dead
leur entêtement à tâcher d'embellir l'apocalypse
crescendos de cordes lyriques et tornades de distorsions
paysages sonores du déchirement entre le désespoir et l'amour
vulnérabilité et impuissance devant les catastrophes
d'une humanité qui n'a de cesse de se tuer
carcasses métalliques explosées
débris et ruines sur des enfants massacrés
déroute des endeuillés dans la famine et la poussière
larmes séchées sur leur visage de sable
il y a peu de mots devant l'innommable
- dans l'insert du vinyle
War is coming
Don't give up
Hang on
Pick a side
Love
***
par-delà le minuit profond
promenade avec l'aimée
dans le calme et l'indifférence
à la pointe est du Parc des Rapides
quand tous dorment sauf le fleuve
dans un ciel improbable
devant nous à 2,6 milliards de kilomètres
franchis par son reflet inouï
(mais quel âge peut avoir cette lumière?)
Uranus brillant de mille feux
repère inattendu ce soir
dans cet univers qui n'a pas de fin
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