la rue de l'Église au soir tombé
massive Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
(ça fait plusieurs douleurs)
dans leur chemin les phares des voitures
découpent la noirceur déposée
dans le cri blanc des lumières
phares et lampadaires
brillent les tourbillons calmes d'une neige légère
les flocons comme de folles mouches à feu
qui dansent dans le vent entêté et affranchi
l’autobus m’avale et longe la nuit avec moi
on s’enfonce dans la nuit du sud-ouest froid
j’imagine à ma gauche au loin
la torpeur du courant sous le fleuve gelé
quelques passagers en silence
des regards perdus dans la lumière bleue de leurs mains
pendant vingt longues minutes
personne ne parlera à personne
je les oublie un instant dans l’illusion
d’être par-delà les machines
l’autobus me régurgite au coin d’un parc
de la patinoire les bruits d’une partie de hockey
je marche lentement et m’attarde
à regarder les rues défiler dans cet hiver avare de tempête
mon visage accueille l’étreinte mordante du froid
et avec humilité la beauté d’un soir d’hiver
se déploie dans un calme qui n’attend que l’écho