jeudi 20 juin 2019




Au milieu d'une nuit bien tombée bien profond, leurs corps se reposaient en silence, repus d'amour, dans le confort d'une satiété rare. Ils étaient couchés en lézards entrelacés aussi nus que la nuit, à l'abandon, et seuls pulsaient leurs deux souffles fondus l'un en l'autre dans une harmonie précieuse.  La lune lançait un halo continu qui se déplaçait lentement sur eux et dessinait ombres et reliefs sur cette tresse de chair. Des doigts aux jambes, courbes et membres épousés, ils continuaient de se trouver, inlassablement, dans leurs regards et ressentaient et vivaient ce privilège comme le feraient les deux seuls survivants d'un naufrage commun. Ils formaient une île, isolés de tout. Après un temps, la pluie vint à naître. Une pluie sans vent dont la vague montait en tombant, remplissant d'une myriade bruyante de clapotements, comme une nuée d'insectes d'eau, un silence jusque-là inviolé. Dans l'attente passive du sommeil, leurs doigts dansaient sur leurs peaux au rythme lent de l'averse, ébène blanc des ongles sur les corps polis par des restants de lune, et lentement ils s'abandonnaient davantage. Quand le sommeil vint par arriver, toute sueur séchée, ils étaient fatigués d'avoir vécu un si beau jour, exténués de la plus belle façon, dans une franchise totale, la plus belle qui soit.





















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