lundi 5 juin 2017

courant de conscience

Parce que l'esprit plein de triturants scorpions, ai essayé de méditer sur les recommandations de l'ami. Ai toughé un pesant trois minutes et pas davantage. Difficile de ne pas méditer sur l'amer mystère de l'amour. Réessaierai éventuellement mais pas maintenant, mon cerveau vasque débordante de perpétuelles ébullitions n'a que faire d'être concentré sur faux-semblant de rien. Ai pourtant repoussé l'action de l'insomnie, fatal bourreaux nocturne, à grands coups d'épiphanies dernièrement. Le sommeil fut tiède, immobile. Sans vent, sans murmures et sans rêves. Aucune rumeur quelconque se dessinait dans les reliefs grisés de l'ombre. Et même dans cette torpeur, une force avançait, permettant d'oublier cette constante inquiétude qui domine tout mon être. Parce que l'amour n'est pas un sentiment, c'est une expérience que la mémoire et le coeur atténuent ou amplifient selon l'importance d'un souvenir ressuscité. Avec l'éveil surgit le passé. Le tisseur de vent, l'ébranleur de la terre : The past is consumed in the present and the present is living only because it brings forth the future... I desire to press in my arms the loveliness which has not yet come into the world. Dans la relecture des maîtres, les éjouissances reviennent, la volonté se raffermit, vivre à temps perdu pour retrouver tout le sens. Dans une ivresse noble, une voix cristalline perce dans le prisme du lustre. Comme le vent efface tous les gestes du sable. Énigmes du désert sans sources. Progresse le déclin du mirage : vulnérable, mais d'une droiture inébranlable devant la vérité, ne subirai plus de désillusion. Nous sommes toujours au parfait milieu de notre vie. Que faire lorsque l'on est attiré par l'évanescence fugitive d'un récent souvenir qui se dérobe? Cultiver la poésie en une suite d'épiphanies invincibles. Personne ne rit à la barbe des nuages aujourd'hui, partout des rameaux d'orages embroussaillent le ciel opaque. Échos sourds. Le cri du coeur est brisé. La honte est toujours une chute, mais il faut chuter pour sentir pousser les ailes. Ne rougirai plus jusqu'à l'aveuglement devant l'éclipse de tes yeux enlarmés, n'apaiserai plus mes déroutes dans le giron de ton corps absent. Albâtre de chair pénétrée. Continuerai de dire ce que je vois dans ce que je ne vois pas. Contrairement à la mort, ne pas se contenter de n'importe quoi, même si elle aussi a besoin d'air, il y a la vie malgré tout. Le coeur relayé aux forges, le marteau sans maître fait son office. L'oubli dégouline et se coagule sur le socle, sang léché recraché dans les chants de l'encre. Créer un bloc de granit bleu, totalité imparfaite, assise du grand artifice. Ciel encore sursaturé de pluie, vastes et grands lambeaux enserrés et tordus par le poing de l'espace. L'averse a des allures d'infini par-delà l'exil intérieur de la séparation.

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