dimanche 23 avril 2017

Cirer ses bottes. Le noir brille. Le parfum empyreumatique de la cire. Proche du vinyle, du goudron. Coups de brosse sur le cuir qui s'assouplit. Embaumer sa barbe des reflets soyeux d'une odeur sapinée... Grande marche au parc. Bonobo et rien d'autre. Dehors une superbe solaire. Puis une discussion avec l'ami français. Six heures de décalage. Six heures de temps. Notre heure n'est pas la même. Notre temps est différent. Mais nous sommes là. Sur la même onde. Avec les mêmes doutes, avec le même espoir... En face, un couple. Deux humains et deux cellulaires. Comment ne pas les plaindre. Être désolé. Un peu... Retour à Whitman et Nietzsche. Des feuilles d'herbe pis du gai savoir. Que de la force... Personne ne regarde les arbres autour. Érables et chênes. Solitudes centenaires... Voir la mort passer au loin. Inoffensive. Pour l'instant... Tabac sombre du cigare. Parfum de copeaux de bois calcinés. Vernis nature de plantes exotiques. Fragilité de la cendre sous l'implacabilité de la flamme. L'oxygène crée le feu. Paradoxe de la vie quotidienne... Boire un superbe vin d'Alsace. Pas juste une coupe. La quille au grand complet. Parfums de fleurs inconnues. De fruits à cueillir et goûter. Flirter avec Marie-Jeanne. Écouter ses errances, accepter ses névroses. Défaire un foulard absent pour fleurer une nuque invisible. Savoir que les fauves du désir seront relâchés dans le rêve pour mieux s'incarner auprès de l'inaccessible, dans le néant. Dans un champ de stèles érigées en mémoire de rien... Trouver dans chaque geste, dans chaque moment de la solitude un vouloir-vivre. Une exaltation. Une extraordinaire liberté. 

1 commentaire:

  1. C'est un superbe texte. J'aime les verbes à l'infinitif. Ça me fait penser à quelque chose que j'ai écrit que je te ferai lire un moment donné, peut-être.

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