jeudi 20 octobre 2016

je marche tout le long d'une journée longue d'un automne fiévreux dans les rues désertées de la ville. avec l'étrange sentiment de ramasser sous mes semelles les peaux mortes des passants m'ayant précédé. un jour sans lumière. sans chants d'oiseaux. que le requiem inaudible et déferlant des feuilles qui tombent des arbres. un ciel gris et laiteux qui semble plus âgé qu'il ne peut l'être. je ne vois personne. je ne fais que regarder. mes regards aussi se perdent et tombent comme les feuilles d'automne.

je rentre dans mon appartement vide. une lumière à gros grains éclaire-obscur mon salon. une lumière artificielle. j'allume quelques chandelles pour contrefaire l'artifice. mon chat somnole sur le divan. thé chai bouillant. pile de livres carnets et crayon. et je m'enfonce dans mes lectures. aucune stupeur et aucun tremblement. que les frictions indicibles de mon corps lové dans l'atmosphère engourdie. douce solitude crépusculaire. 

soudain j'entends la voisine à travers nos murs de carton-pâte s'énerver paniquer puis éclater en sanglots. son copain n'est pas là. elle doit être en train de parler au téléphone. elle pleure assez fort pour que je l'entende à travers ma lecture. je ne comprends pas ses mots mais devine qu'ils sont graves. ça dure quelques minutes. puis j'entends sa porte d'entrée se fermer dans un fracas. départ en trombe. silence du lieu endeuillé.

je suis incapable de retourner lire. je m'imagine mille scénarios. la voisine toujours souriante vient de perdre de son innocence et de sa candeur. mes pensées sont toutes ailleurs désormais. je ne saurai pas ce qui lui arrive. puis sans raison une image me vient en tête. pendant plus d'une heure elle m'obsédera sans que je puisse m'expliquer pourquoi. irruption totalement involontaire et incontrôlable. et je me demande combien dans cette ville et dans ce monde de personnes seules prient en silence dans le désoeuvrement le plus complet. dans l'indifférence. dans l'attente désespérée d'une réponse. d'une réponse qui ne vient pas. et qui ne viendra jamais.


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