lundi 12 octobre 2015

Serait-ce possible, est-ce vraiment la clef? Se raconter jusqu'à se dépasser, transcender l'individu, l'être, et atteindre le collectif universel dénué de spasmes et totalisé? Mais une seule erreur et un seul faux pas peuvent conduire au néant, où tout s'embrouille dans le galimatias, le chaos de la parole singulière et univoque, celle qui ne tend ni s'étend sur quoi que ce soit d'autre, d'étranger à soi?

Je suis las. Mes questionnements dérivent sur des océans mirageux et la barque se perd. Je prends l'eau mais ne me noie, car les failles fissurées sont doubles, la noyade est plus lente, plus longue. Une brèche seule faciliterait la fin. Quoiqu'elle serait plus facile à colmater mais non. Les brèches sont multiples, les efforts se perdent dans les remous, dans le va-et-vient de l'eau ; tout m'effraie dans cette agonie lourde pendant que la mort lente monte, inlassable travail des marées - comme le bois de ma barque termité de coléoptères. 

J'ai perdu le point de fuite de mes images. L'Ariane brisée des songes me sourit dans son évasion muette. J'aimerais prendre l'eau, sentir le trouble des vagues, ces miroirs explosés de lumière sous le soleil d'octobre. En attendant l'hiver où même les océans gèleront et que le monde hibernera, rassemblant dans ses graisses l'énergie nécessaire aux épreuves à venir. La barque tangue et je manque tomber, je perds rames au fil de mes inaccomplissements. La voile déchirée s'en est allée dans le vent.

J'image et je vois - shut your eyes and see - les feuilles de l'automne. Prismes squelettiques déviant les couleurs, ce ne sont que les teintes dansantes de la peinture du jour. Les musiques ondent des distorsions neuves. Et le temps est sourd pendant que l'enchantement se rompt.
  

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