mardi 10 décembre 2013

Dialogues entre Arthur Power et James Joyce

- Peut-être avez-vous raison, répondis-je, car la question est celle-ci : A-t-on jamais crée un art digne de ce nom qui ne fût romantique?
- Tout dépend de ce que vous appelez art, n'est-ce pas? Car, à mon avis, il y a autant de formes d'art que de formes de vie.
- C'est, dis-je, sous une forme ou sous une autre, l'enivrement d'être toujours soûl, comme le dit Rimbaud, soûl de vie... n'est-ce pas ainsi que devrait être un artiste?
- C'est le côté sentimental de la question, dit Joyce, mais il y a aussi la conception intellectuelle qui vise à disséquer la vie, et c'est ce qui m'intéresse le plus maintenant. Chercher ce qui reste de vérité dans la vie, au lieu de la boursouffler de romantisme, ce qui est une attitude fondamentalement fausse. Dans Ulysse, j'ai essayé de forger la littérature à partir d'une expérience personnelle, et non à partir d'une idée préconçue ou d'une émotion fugitive.

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